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Je joue avec les lettres, avec les mots. Bienvenue dans mon univers !

Guernesey

Guernesey

 

 

Le visage tourné vers la mer, il repensait à sa vie d'avant. Les quatre années passées à Jersey l'avaient littéralement fatigué mais il en était ressorti plus grand. Son oeuvre avait pris une importance considérable. Il écrivait sans s'arrêter, à faire pâlir de jalousie ses plus tendres ennemis.

Ses 98 "châtiments", ses colères contre le gouvernement actuel,ses rancoeurs le laissaient maintenant au large de la côte française.

Guernesey l'avait accueilli bon gré,mal gré, Hauteville house était son refuge sur ce caillou immergé au large de sa patrie française.

Tous les jours, il venait observer le large, ses oiseaux volant à fleur d' eau, à la recherche d' une quelconque pitance. Son carnet en main, il prenait note sur note, à la recherche de son meilleur ouvrage.

Il avait de tous temps le verbe haut, la fleur au fusil comme diraient certains fervents opposants à ses convictions les plus sévères. Mais à quoi bon continuer ! Le cri du cormoran huppé résonnait à ses oreilles, seul maître des lieux digne de respect.

Les villageois, peu prolixes à une conversation, le toisaient comme une bête curieuse, lui,le parisien, digne du plus grand intérêt dans les milieu branché de la capitale.

Pauvre reine qu'elle était, elle qui l' avait fait exilé sur ce rocher en pleine mer à cause d'une simple critique, Victoria son prénom ; Victoria , Victoire , une victoire qui sonnait faux , comment se débarrasser d'un opposant !

 

Deux années après son arrivée sur cette terre, il avait ses habitudes, ses voisins le respectaient et il leur rendait bien, quelques menus services administratifs . Ses idées fleurissaient, tel un jardin d' écrivain et il semblait oublier le pourquoi de son exil .

Sa barbe blanche, sa vieille redingote et sa cigarette fumant son tabac âcre,  il vagabondait dans cette campagne maritime, le vent d'ouest soufflant, le cri des macareux à ses oreilles. N'importe qui le croisant aurait penser à un vieux bougre, s' ennuyant à en mourir, attendant son heure d'échoir, pour en discuter avec la dame blanche. Mais il n' en était rien. Ce vieux bougre comme on aimait le surnommer dans le village vivait bien.

Tous les soirs,  il regagnait ses pénates, rejoignant sa splendide maison blanche , son refuge ou plutôt leur refuge .Cette maison, il la partageait avec sa famille: sa femme et ses enfants .

Ce vieil homme barbu, un rien désinvolte occupait tout son temps libre à écrire et contempler la nature environnante. Tous les matins, il sortait, prenait la température, promenait son regard au fil de ses pérégrinations d'écrivain rompu à tous les excès de langage.

Il déambulait maladroitement quelquefois sous l' effet de l'absinthe, lui donnant de l'inspiration .

L'écrivain se droguait de mots, il les buvait, les aspirait jusqu'à la nuit tombée.

 

"Ah mon pauvre vieux, regarde ce que tu es devenu "entendit-il soudain derrière lui .

Victor se retourna brutalement et vit ce petit homme que tout le monde redoutait .

"Napoléon le petit , ah si je m' attendais à cela, pauvre de moi ; je vous ai tellement critiqué et vous, oui vous ne m' avez laissé aucun répit et viré comme un malpropre."lui répondit-il

 

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