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Je joue avec les lettres, avec les mots. Bienvenue dans mon univers !

En odeur de sainteté

J'ai perdu l'essence, le sens de la vie, celui dont tout le monde parle.

J'ai perdu l'essence même de la vie ; je croyais être normal, jusqu'à ce qu'une amie me soulève ce douloureux inconvénient d'être né sans ce don.

Oui, appelons cela un don, car pour celui qui est né sans, c'est un don sans aucun doute.

Bébé, petit, grand, j'ai fait sans, et maintenant, que faire ?

Mais chut, je me suis toujours caché, mal m'en a pris quelquefois, mais bon …

Tout ce que j'aime, c'est le parfum de la vie. Mais je ne sais quelle est l'odeur du caramel fondu, de la tomate qui cuit chaque lundi à 20h30 et mon parfum, à quoi ressemble t-il ? ; à la vanille, au lilas, ou à la crème au beurre de mamie Louise, d'ailleurs, je ne pouvais pas la sentir mamie Louise.

 

Vivre sans odeur, c'est étrange tout de même, c'est survivre sans sentir, c'est survivre sans humer l'air qui nous environne. Tous les matins, je souris à la vie, impatient de retrouver cet instant perdu.

 

Je me revois accompagner mon père jusqu'à son atelier de menuiserie, entrant, me dirigeant vers la montagne de sciure; à genoux, les mains baignant dans cette mer de bois, le nez en osmose avec cette matière naturelle, mais rien, sinon cette sensation de douceur au creux des doigts.

 

  • « Vas y sens moi cette odeur, couvre toi de cette magie odorante » me disait-il

 

Mon père, malgré son air brusque, avait une poésie en lui.

Mais rien n'y faisait, les bras ballants, je ne ressentais rien, sinon une indescriptible tristesse, un douloureux désarroi.

 

Alors, j'appris à mettre des couleurs sur les odeurs, une image sur des senteurs.

Je suis né sans odorat, j'ai le goût des couleurs mais pas l'odeur des goûts, alors Dieu me préserve de vivre malgré tout sans Odeur de sainteté.

 

Un petit hommage à la crème au beurre de Mamie Louise dont je ne regretterais pas l'odeur, le goût étant particulièrement désagréable.

 

Même le printemps, il m'était impossible de le sentir, le vent frôlant mes cheveux, indescriptible odeur d'une nouvelle saison en devenir, mais rien ne pouvait changer cet étrange phénomène.

L'automne, où les promenades dans les bois ne donnaient rien, l'odeur des marrons et des champignons inexistantes. Seul le vent me parlait.

 

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