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Je joue avec les lettres, avec les mots. Bienvenue dans mon univers !

En noir et blanc

Deux sous d'envie, il ne fallait rien de plus pour défier l'interdiction de grimper en haut des marches grinçantes de ce vieux grenier. On jouait à cache cache avec l'autorité parentale, mais pourquoi donc ?
Pourquoi donc n'avions nous pas le droit de grimper, de farfouiller, de rencontrer les toiles d'araignées, de pénétrer dans cette antre si mystérieuse ?
Les marches de bois grinçaient, chaque pas devait se faire doucement sans éveiller le moindre soupçon de la part de mon père dont le bureau se situait aux abords du couloir menant au grenier.

Deux sous d'envie, depuis des années ces marches me narguaient à n'en plus finir, je me voyais les gravissant, l'espoir de découvrir des trésors cachés. Mais le moment était venu, cet Everest fait de bois, de bric et de broc, au moindre bruit suspect, je cessais mon ascension. Les quelques mètres me restant à franchir et je serais enfin libéré de cette attente. L'enfant de 10 ans que je suis, curieux de nature, aura finalement atteint son but.

La vieille porte de bois s'ouvrit presque sans difficulté, comme si elle attendait ma visite.
L'odeur d'humidité me transperça, pas forcément désagréable. Je m'avançais délicatement regardant les vieilleries recouvertes par endroit de toiles d'araignées, de poussière d'antan, les meubles datant du siècle dernier, les vases dont les verres n'étaient plus vraiment transparents et enfin au coin du mur prêt de la fenêtre donnant sur le jardin, une boîte. Elle se trouvait posée à même le sol, aussi grosse d'un coffre à trésor, de couleur noir avec une petite serrure dans laquelle une clé y avait été glissée.
Je ne devrais pas être ici, mon père ne me pardonnerait jamais si il savait, mais la tentation était trop grande.
J'entrepris d'ouvrir ce coffre à trésor et soudain tout devint noir et blanc, comme projeté au sein d'un livre photo d'un siècle révolu.
Le pièce s'anima, les meubles dépoussiérés, les vases aux verres clairs, les toiles d'araignées disparues, et au fond du jardin, mon grand-père peignant les nymphéas flottantes sur ce magnifique plan d'eau.
Je retrouvais son sourire, celui que je n'avais vu que sur de vieilles photos jaunies. Sa barbe fleurie, sa démarche de vieillard, son rire tonitruant, comme j'aurais aimé le vivre vraiment. Cette boîte m'en donnait enfin le plaisir.
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