Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Je joue avec les lettres, avec les mots. Bienvenue dans mon univers !

Quand le diable surgit

 

« L'impact des gouttes sur le métal  me fit une drôle d'impression. Je croyais que ça n'allait pas durer, que ça finirait bien par s'arrêter un jour. L'impact des gouttes sur le métal froid me faisait presque peur, peur d'être et de non être. Tout le monde me dit que la peur n'évite pas le danger, mais pas à moi non, pas à moi.

Je ne suis pourtant pas fou, je suis sain d'esprit, clair et sensé. Mais là, je ne pourrais pas dire où j'en suis réellement, plongé dans le noir de cette pièce froide et humide.

 

Je me souviens du jour J, de celui où tout à commencé.

Il faisait beau, les mimosas en fleurs, les oiseaux chantant dés le matin, et moi tout jeunot, envie de braver les interdits, de couper les liens qui m'enclavaient, de briser ces chaînes.

J'aime beaucoup le matin, là où l'on se sent vivant, heureux sous ces envolées lyriques de ces fiers passereaux. La fenêtre ouverte, le soleil me tambourinant le crâne, je suis vivant et je souris à cette journée qui débute.

Je me souviens du jour J où tout a commencé, mais en fait je ne souris pas vraiment, je suis triste en fait mais comme j'aimerais être satisfait.

Au loin dans la rue, j'aperçois Nathan et Vivien, chantant, courant, sonnant aux portes et s'enfuyant en rigolant comme des bécasses, mais comme c'est amusant de les voir vivre ainsi.

Je ne sais même pas quel jour il est, peut-être un dimanche, peut-être un mercredi ; des enfants en culotte courte, un matin, sans cartable, ça ne doit être qu'un de ces jours.

C'est moi qui leur ai inventé ces prénoms, j'aimerais tant les connaître.

Je les regarde, souris comme eux et bientôt ils disparaissent de ma vue à l'angle de la rue Audouart.

Tout d'un coup, le bruit de pas me fait frissonner, l'attente ne sera pas bien longue et la récompense non désirée aussi. Il entre sans prévenir et en un instant ce jour J prends un autre sens à ce divin matin.

Je le savais, je le sentais, tous les jours le même rituel, tous les jours ce satané destin qui vous prends aux tripes. Je n'ai que huit ans et malgré tout je suis devenu d'un coup, Grand.

Tour à tour je sens la peur s'échapper de mon corps et par la fenêtre à nouveau ouverte, je cherche mes camarades de jeu pour qui je ne suis qu'un enfant solitaire les regardant vivre tous les matins que Dieu fait. Ils se moquent parfois de moi, me jetant de temps à autre des cailloux et autres coquilles d'escargot vides, et moi les croyant bon, je garde tous ce trésor sous mon matelas jaunis par mes nuits de malaise.

Il y a des nuits et des nuits que je ne dors presque plus, m'arrachant des cris de terreurs et de douleurs, je suis comme un animal encagé, comme un fauve à qui il ne reste plus rien de liberté.

Serais je ainsi condamné ?

J'ai huit ans et je voudrais un jour courir après ce temps, chasser les papillons, imiter le chant des oiseaux et faire fuir mes larmes sur ce visage un brin naïf.

Il va bientôt revenir, je l'entends en bas tourner en rond, impatient peut-être d'en découdre à nouveau, les marches de bois grinceront, les pas lourds se feront et à mon tour mes gestes se disperseront pour fuir les coups du psychopathe. C'est le seul nom que j'ai trouvé pour cet individu.

J'ai caché sous mon matelas quelques objets qui pourront m'être utiles, quelques objets qui pourraient m'aider.

La maison est grande, il y a plein de pièces, un grenier, un garage, une cave où j'adorais me cacher, jusqu'à ce que...

J'ai huit ans, je n'ai plus de Maman, et je survis malgré tout...

 

L'impact des gouttes sur le métal me fait froid dans le dos, mais je suis rassuré tout de même,

Le monstre gît au dessus de moi, sur les marches de métal, les paupières closes, la bouche ouverte. Il me donne son sang pour s'excuser de s'être comporté ainsi, et je joue enfin dans cette pièce aux multiples cases.

J'aime ce bruit, le claquement de ces gouttes sur les marches de métal et je joue comme si hier n'avait jamais cessé, comme si hier Maman ne m'avait jamais quitté.

J'ai huit ans et je viens de tuer cet homme qui m'a un beau jour reconnu parmi les siens.

Je lui ai ôté la vie et la vue, jouant aux billes avec ce regard qu'il ne m'a jamais tenu.

 

La vie est belle quelquefois, n'est ce pas ?

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article